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20 juin 2013

Note #7

Extraits de Journal de bord - 9 juin 2013

Le temps passe et me donne l'illusoire sensation de pouvoir me désintéresser de mon passé comme s'il s'agissait de trouver des jonquilles ennuyeuses ou fades. Je ne fais rien.

Je rentre tard. Et ce n'est que pour ouvrir des pages, écrire à des inconnus. En dehors de tout. En retrait de leurs regards. Avec pour seule musique le vent et parfois des cris qui surgissent dans le creux de la nuit. Je vis tournée vers ce passé, sans jamais pouvoir trembler d'émerveillement sous la vision éblouissante du souvenir d'enfance.

Parfois, je revois la silhouette de cette enfant que je fus, traverser la route pour rejoindre ma mère, seule, de l'autre côté sous l'abri-bus, une valise rouge bordeaux posée à ses pieds. Et parfois, l'image de son regard tragique me revient toujours en écho à ma lâcheté.

Terrible est cette variation absurde de la culpabilité. Celle de l'avoir peut être arrachée à sa fuite, ultime alternative d'échappatoire à ses prochaines années d'enfermement. Si seulement quelque chose pouvait surgir en relief dans son regard au coloris des terrains vagues. Je me surprends encore à imaginer que sa vie aurait été plus douce ailleurs, même arrachée à moi; elle qui finalement m'a suivie, elle que j'ai tentée de dessiner, elle dont l'image gravée dans ma mémoire estompe toute beauté et me rend dure pour moi même.

Et j'ai peur. A mon tour, j'ai peur de ne pouvoir trouver ce second souffle, j'ai peur qu'on ne puisse jamais me rattraper au vol.

J'ai peur de l'absolu, de l'inachevé, de cette quête sans nom. J'ai peur de l'ivresse démente que provoqueront les absences prolongées. J'ai peur de l'oubli qui nous attaquera et qui, par la force des choses, te dévisagera. J'ai peur de caresser ce sentiment prégnant que nous sommes seuls. A jamais.

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